Chanvre industriel, chanvre sauvage, chanvre indien... Chaque type de chanvre possède ses propres spécificités et ses utilisations particulières. Il convient donc de savoir les reconnaître, afin d’éviter de confondre la variété thérapeutique de la variété stupéfiante.
Zoom sur les différents types de chanvre.
Le chanvre : histoire et découverte
Le chanvre est utilisé depuis la nuit des temps pour ses propriétés multiples. Les Chinois auraient été les premiers à avoir domestiqué cette plante. En effet, pendant l’ère de la Chine impériale, les vêtements des empereurs étaient confectionnés avec du chanvre.
Ensuite, avec les conquêtes et les migrations, le chanvre s’est répandu dans les quatre coins du globe. On le retrouve alors en Inde et dans la péninsule arabique. Le chanvre et le cannabis arrivent en Amérique du Sud en 1500, suite à la conquête espagnole et à la traite des esclaves. Pendant la Seconde Guerre Mondiale, les soldats étaient équipés avec des matériels en chanvre que l’on supposait être solides et résistants.
La découverte des propriétés du chanvre
En 1839, le chanvre est introduit dans la médecine occidentale moderne, grâce aux découvertes de William Brooke O’Shaughnessy, un médecin irlandais. Ce dernier a scientifiquement prouvé que le chanvre présentait des vertus sédatives et analgésiques. Depuis cette nouvelle, les thérapies au chanvre sont très plébiscitées jusqu’en 1920. Mais au XXᵉ siècle, notamment avec le mouvement hippie des années 60, on constate une augmentation de l’usage récréatif du chanvre. Plusieurs pays commencent alors à interdire sa culture.
En 1964, Raphael Mechoulam découvre le principal élément psychotrope (le tétrahydrocannabinol ou THC) dans le chanvre. On conclut également que chaque variété de la plante dispose d’un taux différent de THC : le chanvre médical est celui qui en contient le moins (inférieur à 0,2 %). Face à ce contexte, le chanvre revient peu à peu sur le marché. En effet, certains pays autorisent à nouveau la culture et l’exploitation du cannabis, mais médical uniquement. Aujourd’hui, bon nombre de patients aspireraient à suivre une médecine douce grâce à une thérapie au chanvre.
Le chanvre/cannabis : plus qu’un simple nom
On ne devrait pas se contenter de dire chanvre ou cannabis à tout va. En effet, nombreuses personnes prêtent confusion entre ces deux mots et les considère comme une plante à usage psychotrope. Il y a pourtant une différence entre chanvre et cannabis, malgré qu’ils appartiennent à la même famille — celle des Cannabaceae.
Le terme « chanvre » sert aujourd’hui à désigner principalement la plante de cannabis qui est utilisée pour des fins industrielles : fabrication de textile, fabrication de matériels de construction, complément alimentaire, biocarburant, etc. D’ailleurs, les cultivateurs préfèrent les termes « chanvre agricole » ou « chanvre industriel ». Quant au cannabis, il désigne généralement la plante que l’on utilise pour ses effets narcotiques. On le connaît mieux sous le terme « marijuana ». La grande différence entre chanvre et cannabis est alors que le chanvre contient très peu de THC comparé au cannabis.
Le Cannabis sativa ou chanvre cultivé
Le Cannabis sativa provient des régions équatoriales d’Asie, d’Afrique et d’Amérique. Cette plante pousse ainsi dans des zones avec une exposition en permanence au soleil. Ces conditions font que le chanvre cultivé pousse très rapidement. La plante peut d’ailleurs mesurer jusqu’à 3 mètres de haut en l’espace de quelques mois. Les plus grands plants peuvent même atteindre 6 mètres. Le Cannabis Sativa se reconnaît grâce à ses feuilles fines vert clair d’environ 10 centimètres. Le chanvre cultivé fleurit pendant 60 à 90 jours annuellement.
Le Cannabis sativa se décline ensuite en différentes sous-variétés qui se différencient grâce aux cannabinoïdes qu’elles renferment. D’une part, il y a le chanvre cultivé qui possède un taux élevé en THC et qui a donc des vertus psychotropes. D’une autre part, on distingue le Cannabis sativa qui présente un très faible taux en THC, mais qui possède un taux élevé en CBD (cannabidiol). Il s’agit ainsi du chanvre que l’on utilise en médecine, car il apporterait plusieurs bienfaits au système endocannabinoïde.
Le chanvre cultivé procure un effet « high ». Autrement dit, il agit surtout sur le système cérébral. D’un point de vue médical, avec son fort taux en CBD, le Cannabis sativa permettrait d’apaiser certaines douleurs et serait également efficace pour lutter contre les troubles de l’humeur, l’anxiété, l’insomnie, les nausées...
Le Cannabis indica ou chanvre indien
Le chanvre indien ou Cannabis indica est originaire de l’Inde septentrionale. Son berceau se situe plus précisément dans la vallée de l’Hindou Kouch. C’est une plante qui pousse dans un climat plutôt frais.
Il s’agit d’une plante trapue qui dépasse rarement les 3 mètres de haut. Ses feuilles sont larges et d’une couleur vert foncé. Quant à son feuillage, il est moins abondant que celui du chanvre cultivé. La plante fleurit pendant 45 à 60 jours pendant l’année.
Le Cannabis indica présente une quantité plutôt élevée en THC, avec toutefois un taux intéressant en CBD. Le chanvre indien est celui que les consommateurs utilisent généralement pour ses effets psychotropes. D’ailleurs, nombreux sont ceux qui affirment que ce type de chanvre est le seul que l’on peut fumer.
Le Cannabis indica procure un effet « stone ». Il agit en général sur le corps, et non dans la tête. Du point de vue thérapeutique, le chanvre indien permettrait d’atténuer les migraines et certaines inflammations. Il permettrait aussi de traiter l’anorexie et la perte d’appétit. Toutefois, la consommation du chanvre indien dans le cadre thérapeutique n’est possible que sous prescription médicale, à cause de son important taux en THC.
Les autres cannabis
En plus du sativa et de l’indica, il existe différents autres types de chanvre : ruderalis ou spontanea et afghanica.
Le Cannabis ruderalis ou chanvre sauvage
Le Cannabis ruderalis ou Cannabis sativa subsp. spontanea ou encore chanvre sauvage partage des traits du sativa et de l’indica. Il s’agit d’un cannabis découvert par Janischewski, un botaniste russe. La région native de cette plante se situe effectivement en Sibérie du Sud. Il s’agit d’un plant de cannabis capable de se développer dans les climats les plus rigoureux, contrairement au chanvre cultivé et au chanvre indien, qui poussent dans des climats doux. Il mérite donc bien l’appellation « ruderalis », du latin « rudus » qui signifie « décombres ». Littéralement, ce chanvre désigne une herbe sauvage qui pousse dans les décombres.
Le ruderalis est la variété de chanvre la plus petite. Il mesure à peine 1 mètre de haut et présente de petites feuilles. Il est doté d’une capacité d’autofloraison et ne dépend donc pas des saisons pour fleurir, mais de l’âge de la plante.
Le chanvre sauvage présente un taux en THC largement plus faible qu’en CBD. Cependant, il est très peu utilisé pour des fins médicinales. Il est surtout utilisé pour faire un croisement avec du sativa ou de l’indica pour obtenir du chanvre hybride. Ce dernier présente alors une propriété d’autofloraison et un taux en cannabinoïdes encore plus intéressant.
Le Cannabis afghanica ou chanvre afghan
Le chanvre afghan, comme l’indique son nom, est originaire des montagnes de l’Afghanistan, plus précisément du Kafiristan.
Ce type de chanvre est un arbuste d’environ 1,50 mètre de haut. C’est le seul cannabis dont le tronc est solide et présente des nervures. Il peut être confondu avec l’indica, à la différence que ses feuilles sont plus longues et qu’il a des nœuds moins denses.
Il présente un taux élevé en THC et est pratiquement utilisé pour fabriquer le Haschisch, un produit à usage purement récréatif.
Le plant mâle et le plant femelle : quelle différence ?
Outre la variété des différents types de chanvre, il faut également distinguer le sexe de la plante. En effet, le chanvre est une plante dioïque ou unisexuée. Autrement dit, il existe des plants de chanvre mâles et des plants de chanvre femelles.
Le chanvre mâle est celui qui produit le pollen. Celui-ci est renfermé dans de petites boules. Ces dernières forment une sorte de petite grappe. Le mâle possède des tiges épaisses et peu de feuilles. C’est également le chanvre qui produit des graines. Quant au chanvre femelle, la plante présente deux pistils de couleur blanche dans des calices en forme de gousse. Ses tiges sont fines et elle possède beaucoup plus de feuilles que le plant mâle. Si la plante n’est pas pollinisée, elle produit des bourgeons, des éléments riches en THC. Il est important de séparer les mâles des femelles pour éviter la pollinisation. Ce faisant, on pourra obtenir des valeurs de THC différentes.
Le chanvre atteint sa maturité sexuelle après 6 ou 8 semaines à partir de la germination et fleurit en général lorsque les nuits sont plus longues. C’est donc pendant les périodes dites sombres que l’on peut identifier le sexe de la plante. Il existe du chanvre hermaphrodite, résultat d’un plant stressé à cause de conditions de développement variantes.
En somme, il est important de savoir identifier les différents types de chanvre, notamment si l’on veut les utiliser pour des fins thérapeutiques. En effet, chaque maladie a ses traitements spécifiques. Mais il va de soi que le chanvre qui présente un haut taux en CBD reste le plus intéressant, bien que le THC permette néanmoins d’atténuer certains maux.